La saison devait s’amorcer le 1er avril, mais une série de circonstances malheureuses fait en sorte que les pêcheurs de crevette sont toujours, dix semaines plus tard, retenus à quai. Devant l’significance de la crise, ils implorent les gouvernements de leur venir en aide.
Les crevettiers du Québec et des provinces de l’Atlantique sont actuellement privés de leur gagne-pain en raison des niveaux d’inventaires élevés dans les usines de transformation, notamment en Gaspésie, mais aussi sur le marché worldwide.
«Les usines de transformation ne veulent pas prendre notre crevette. Les marchés sont fermés alors pour nous, il n’y a pas d’activités», explique Pierre Jenniss, chef conseiller responsable des pêches commerciales de la Première Nation malécite, qui sont d’importants pêcheurs dans l’Est-du-Québec.
Comme les inventaires sont aussi hauts, les transformateurs ne sont pas intéressés à acheter de nouveaux shares de crevettes au prix de la saison, poursuit M. Jenniss.
Pour survivre à la crise, les pêcheurs de crevettes du Québec, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador, dont font partie cinq nations autochtones, ont formé une coalition afin de réclamer des mesures d’aide aux gouvernements.
Les crevettiers demandent notamment au gouvernement d’éliminer le coût des permis de pêche pour 2020 et un assouplissement des critères d’admissibilité au programme d’assurance-emploi pour le secteur.
Or, les gouvernements n’ont jusqu’à présent accédé à aucune des demandes du regroupement, déplore M. Jenniss.
«On veut avoir l’accessibilité à des programmes existants qui seraient simplement adaptés à notre pêche, c’est tout. On ne demande pas des miracles», dit-il.
Pourtant, les usines de transformation, elles aussi durement touchées par la crise qui secoue le secteur de la pêche à la crevette, ont eu droit à des aides.
«Les usines en Gaspésie ont toutes reçu des subventions du MAPAQ (ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec) et du fédéral. Ils ont eu des prêts et toutes sortes de mesures pour les aider», indique M. Jenniss.
Une scenario qui contraste avec celle des pêcheurs. «Le secteur de la seize a été complètement oublié. On n’a absolument rien reçu», déplore le chef conseiller.
Le secteur de pêche à la crevette représente plus de 3000 emplois au Québec, principalement dans l’Est-du-Québec, sur la Côte-Nord et en Gaspésie.
«Des villages entiers dépendent de cette industrie et on est oubliés», dit Pierre Jenniss.